Réflexion autour de la « Ligne de déséquilibre », et situation nantaise

La ligne de déséquilibre, tout le monde y a recours. Mais pourquoi, dans quel but, quels en sont les avantages et les limites ? Éléments de réponse dans le blog ce jour assorti d’un jeu utilisé au centre de formation de Nantes. Remerciements appuyés à Samuel Fénillat (directeur du centre de formation du FC Nantes) et Stéphane Ziani (coach de la Réserve) pour leurs apports à ce post.

Le schéma a été réalisé avec le logiciel exercices-de-foot.com.

Pour mémoire, la mise en place d’une ligne de déséquilibre est généralement assortie de la consigne selon laquelle les joueurs de l’équipe défendante ne peuvent redescendre en dessous de celle-ci à moins que le ballon ne s’y trouve déjà. Avec pour effet immédiat de ménager un espace dans le dos des défenseurs. Et pour conséquence de favoriser les attaquants qui vont dès lors disposer d’un espace de déséquilibre et de possibilités de passes pour des partenaires arrivant lancés. 

Avantages de la mesure ? Les milieux sont incités à « prendre les infos » et jouer vers l’avant tandis que les attaquants multiplient les appels effectués dans la profondeur.

Inconvénients ? Le côté factice exigeant des défenseurs qu’ils se comportent non en fonction du jeu mais au regard de cette seule consigne.

Alors comment conserver les avantages de la consigne sans pour autant dénier toute possibilité de choix (et d’analyse) de la part des défenseurs ?

À défaut de prétendre répondre complètement à la question, voici une situation pratiquée chez les jeunes du FC Nantes qui présente le grand avantage de ménager ces deux aspects sans dénaturer le jeu. À aménager bien sûr en fonction de ses convictions, de l’effectif et au regard des conditions (rapport espace / nombre de joueur).

Règles – Organisation – Consignes :

Sur le terrain complet, 11 contre 11. 3 mini buts sont positionnés à une quarantaine de mètres du but adverses (voir schéma). Une équipe attaque le grand but (les bleus sur le schéma) tandis que l’autre équipe (les jaunes sur le schéma) peut marquer dans le grand but (= 3pts), ou dans les 3 mini-buts ( = 1 pt).

Règle du hors-jeu appliqué à la ligne médiane. Jeu libre.

Conséquence (pour les bleus) : À la perte de balle, l’équipe défendante est amenée à effectuer un choix. Doit-elle défendre en priorité les petits buts en remontant le bloc ou doit-elle au contraire privilégier la défense de la profondeur en anticipant la passe dans le dos de la dernière ligne ? Un choix qui sera effectué en fonction de la position du bloc-équipe, de la situation (le joueur adverse est-il cadré ou bénéficie-t-il d’un relatif confort pour transmettre à un partenaire, où se trouvent la ligne au-dessus des milieux de terrain, de quel espace et de quel temps bénéficie l’adversaire etc…), et du placement des adversaires (jouer le hors-jeu ? l’interception ? etc…)

Conséquence (pour les jaunes) : « À la récup’ » de la balle, faut-il jouer le + rapidement possible dans la profondeur (si le bloc adverse est haut et que l’on dispose d’un espace d’un espace « dans son dos » ou doit-on au contraire attaquer les petits buts (attaque placée) ou bien encore faire mine d’attaquer les petits buts pour finalement privilégier la profondeur et tenter de marquer dans le grand but ?

Bref, on l’aura compris, ce simple aménagement avec la présence des trois petits buts permet de retrouver tous les avantages de la ligne de déséquilibre tout en ménageant les conditions du choix qui demeure, nous semble-t-il, l’essence même du jeu. Un constat que chacun pourra ou non partager mais qui valait peut-être un détour du côté du blog.

Olivier GOUTARD