Ligue des Champions et statistiques : l’analyse de Raynald DENOUEIX

1/ Pourcentage de possession de balle :

Distinguer la logique des rencontres de championnat de celle des matchs couperets

« C’est l’histoire du match qui dicte la possession et les derniers matchs auxquels nous avons assistés dans la compétition ont parfois eu un côté irrationnel. En fait, il s’agit de distinguer les caractéristiques de jeu d’une équipe évoluant dans le cadre de son championnat de la logique des matchs couperets. Toutefois, même s’il y a une tendance, ce dont on s’aperçoit c’est que la plupart des grandes équipes aiment avoir le ballon. Mais qu’elles sont aussi prêtes à subir et à partager le temps de possession si cela correspond à un plan de jeu permettant de l’emporter à la fin. La possession de balle d’une équipe  est la conséquence de sa volonté de bien construire et de préparer les actions devant l’emmener devant le but adverse. Des formations comme Liverpool ou Tottenham sont reconnues pour l’intensité qu’elles sont capables d’imposer à leurs adversaires, ce qui ne veut certainement pas dire qu’elles ne disposent pas des arguments techniques pour tenir le ballon. En fait, « possession » et « intensité » sont liées et il ne faut surtout pas chercher à  les opposer car tous les temps du jeu sont interpénétrés lors d’une rencontre. Les équipes de Guardiola par exemple ont cette volonté de porter le jeu dans la moitié de terrain adverse pour avoir plus de chances de marquer des buts bien sûr, mais également pour être en nombre dans cette zone et ainsi pouvoir enclencher un pressing efficace dès la perte de la balle. Dans cette optique la possession offensive ménage les conditions de l’intensité défensive qui, elle-même va permettre de récupérer le ballon et de repartir sur une phase de possession ou de finition. Ce que des coachs comme Klopp à Liverpool parvient parfaitement à faire appliquer à ses joueurs  »

2 : Pourcentage de réussite « Passes »

Un taux dépendant de la qualité du jeu au pied des gardiens et du profil des attaquants

« Il faut pointer le rôle joué par les gardiens. Si on prend l’exemple de Ter Stegen au FC Barelone ou celui d’Ederson à Manchester City, 9 fois sur 10 ceux là vont effectuer une passe à destination d’un partenaire plutôt que de dégager à l’aveugle le plus loin possible. Si on considère le nombre de ballons joués par ces deux portiers il est bien évident que la qualité de leur jeu au pied impacte directement ce pourcentage. Pour le reste, il s’agit également d’évoquer le profil des attaquants. Les caractéristiques des attaquants de Liverpool ou de Tottenham font que ceux-ci n’hésitent pas à effectuer des appels dans l’espace tandis que des joueurs comme Suarez ou Messi ou bien encore les attaquants de  Manchester City le demandent plutôt dans les pieds. Ce qui signifie que dans les premiers cas, les passes peuvent s’effectuer sur des distances de plus de 20 mètres tandis que les seconds adressent rarement des passes de plus de 10 mètres. Dans ces conditions, il est bien logique que le pourcentage de passes réussies diffère selon que l’on cherche l’espace ou que l’on joue sur des partenaires proches. Maintenant la seule vraie question est de savoir quels bénéfices l’équipe en a retiré. Pour ce qui est de Liverpool par exemple, il faut bien convenir qu’il s’agit d’une équipe parvenant à se procurer de nombreuses situations de but à tous les matchs et ça, c’est autrement plus important que de savoir s’ils ont 82 ou 90 % de réussite. »

Nombre de buts marqués de l’extérieur de la surface de réparation

Prendre en compte l’ensemble des animations de jeu

Cela peut paraître surprenant si l’on se réfère aux représentations historiques que l’on se fait des championnats allemands et anglais. Toutefois, cela fait déjà plusieurs années que la Bundesliga ou la premier League ne sont plus les championnats où l’on frappe et où l’on marque le plus souvent de l’extérieur de la surface. Donc en soi, cette statistique n’est donc pas si étonnante que ça. Pour le reste, il faut avoir une analyse prenant en compte l’ensemble des animations de jeu. Contre les équipes de Guardiola par exemple, il est extrêmement difficile de sortir sur le porteur du ballon à 20-25 mètres de sa cage parce que toutes leurs animations de jeu visent à exploiter les espaces entre les lignes et notamment, en finalité, entre la ligne de défense et le gardien. En d’autres termes, les adversaires privilégient souvent  un bloc bas pour réduire ces fameux espaces et ce faisant ils s’exposent à des tirs déclenchés en dehors de la surface. Du coup, même si ce ne sont pas leurs caractéristiques premières, les situations où le porteur de balle dispose du temps nécessaire pour déclencher une bonne frappe sont vraisemblablement plus nombreuses pour les attaquants et les milieux de terrain du FC Barcelone ou de Manchester City que pour d’autres équipes contre lesquelles les défenseurs n’hésitent pas à sortir.

Propos et statistiques recueillis par Olivier Goutard

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