FOOTBALL TACTIQUE : Le jeu de position intéresse les français !

Il y a quelques temps Olivier ALBEROLA a travaillé sur une traduction et une adaptation d’un article de Dani FERNANDEZ issu du dossier Juego de Posicíon de la revue The tactical room n°25 à retrouver ici. Partons au travers de 5 volets à la découverte de ce superbe florilège : De le structure organisatrice aux principes fondamentaux du Jeu de position. (Cliquez sur le titre pour accéder au document.)

Tactique football : le jeu de position intéresse les français !Volet 1 : Introduction 

 

Tactique football : le jeu de position intéresse les français !

Volet 2 : Structure organisatrice : distance de passe et distance entre les joueurs dans l’espace

 

Tactique football : le jeu de position intéresse les français !

Volet 3 : Compréhension constante des interactions entre les joueurs proches du ballon et les joueurs éloignés

 

Tactique football : le jeu de position intéresse les français !

Volet 4 : Créer des supériorités : identifier quand les supériorités apparaissent, les utiliser, en profiter

 

Tactique football : le jeu de position intéresse les français !

Volet 5 : Concepts du jeu de position ou les éléments récurrents du jeu 

 

Tactique football : le jeu de position intéresse les français !

Le jeu de position du Barça de Guardiola a fait beaucoup de mal au football !

 » Quelle tâche difficile, ardue, dangereuse que de s’exprimer sur quelque chose en perpétuelle évolution et aussi complexe que le jeu de position. En toute humilité, il me semble que la vision du « juego de posicion » telle qu’elle est partagée par un nombre de plus en plus important de techniciens sur les réseaux sociaux ou au bord des terrains, se résume à une version au mieux incomplète, au pire erronée d’un phénomène complexe. En français, la nature même de sa nomination, jeu de position (mais c’est vrai aussi en espagnol) ne représente qu’une partie d’un tout bien plus complexe… En ce sens certains grands techniciens, spécialistes en la matière échangent, discutent, confrontent leurs idées à l’image de Juanma Lillo, Daniel Fernandez, Joan Vilà et sont revenus sur la dénomination un peu simpliste du « juego de posicion » pour le baptiser  « juego de ubicacion » plus proche d’un jeu de localisation, de situation, pour tenter de traduire l’idée,  c’est dire si cette forme de jeu évolue et se montre complexe

Le « juego de posicion » tient du jeu positionnel, finalement une des formes d’expression, de manifestation qui va permettre la mise en place, l’organisation, la structuration du « mode opératoire » de l’équipe. De manière un peu schématique nous pourrions définir deux formes de jeu positionnelles, une première forme positionnelle au sens strict du terme et une seconde plus « mouvante », « fluide » « circulante » pour reprendre ce dernier terme de Luis Bonilla à laquelle Pep Guardiola (entre autres) a donné toutes ses lettres de noblesse …

Dans la première acception, le jeu de position est encadré, voire « bordé » par la manière dont va se développer, s’exprimer le système de jeu de l’équipe. Au sein de cette organisation, le joueur va évoluer à un poste spécifique avec des fonctions clairement attribuées, sans jamais (ou presque) occuper d’autres postes, positions sur le terrain, et donc d’autres fonctions, c’est pourquoi il porte la dénomination « jeu de position » au sens jeu de position sur le terrain, de place, de poste, voire de placement. Dans d’autres sports, notamment le rugby, le handball avec lequel il y a beaucoup de choses en commun, pour illustrer notamment le rôle des ailiers qui  occupent des positions pour remplir des fonctions sans pour autant déformer la structure de l’équipe, sans pour autant, non plus, que leurs déplacements soient des appels, ou des courses de démarquage. Dans la seconde acception, il est possible qu’au sein de la structure de l’équipe, les joueurs circulent d’un poste à un autre, à la fois pour changer de position sur le terrain, mais surtout pour occuper des fonctions qui puissent permettre à l’équipe de mieux utiliser ses qualités. Cette circulation des positions et cette répartition des fonctions pourraient permettre d’assurer la déformation de la structure d’une équipe organisée en 1-4-1-4-1 vers un 1-4-1-3-2 par exemple tout un maintenant un équilibre dynamique entre les fonctions, à l’instant t, mais bien plus encore à l’instant t+1. On pourrait aussi, très bien imaginer qu’une autre déformation de la structure soit envisagée, qu’une autre « circulation des positions » soit équilibratrice de la part d’un joueur ou plusieurs permettant une cohérence, un ensemble dynamique, fluide, et en même temps, équilibré, par exemple, vers une organisation en 1-3-2-3-2. Cette forme de jeu positionnelle permettrait ainsi de présenter, non pas, une équipe « solide » comme entendu trop souvent au bord des terrains, mais une équipe liquide, mouvante, finalement une forme de jeu « circulante » bien plus complexe.  A ce titre, on associe souvent le jeu de position au FC Barcelona ou aux équipes dirigées par Pep Guardiola, mais en réalité à y regarder de plus près, les équipes prennent l’initiative du jeu depuis l’arrière en débutant sous la forme d’un jeu positionnel au sens strict du terme pour finir sur une forme plus « circulante » ou « mouvante ».

Encore que … En y regardant de plus près, l’équipe de Manchester City notamment, l’utilisation faite d’un des deux latéraux la saison dernière, et des deux latéraux cette saison ou de la fonction d’un Jerôme Boateng, parfois devant la défense, quand Guardiola était à la tête du Bayern, le discours peut être nuancé.

Dans cette acception, le terme englobe un concept général qui lui-même englobe comment la structure de l’équipe va s’organiser selon les caractéristiques des joueurs et la façon dont ils s’expriment dans leurs interactions avec les autres qui dépendent, elles-mêmes, des caractéristiques de chacun des partenaires. On peut donc, observer à quel point le « juego de ubicacion » atteint un niveau de complexité bien plus important que ne le laisse penser sa dénomination. Nous le constatons très bien, le « juego de posicion, ubicacion » est en réalité beaucoup plus riche et complexe que cela, puisqu’il reflète toute la structure du jeu offensif en partant des principes généraux du jeu, tout en suivant les principes collectifs, groupaux, individuels ainsi que les intentions tactiques au service d’une conception du jeu conçue à partir des caractéristiques et des qualités des joueurs à disposition, point de départ de la réflexion … Comme aime à le rappeler Marti Perarnau (dans Herr Pep – 2014) « les joueurs, ce sont la matière de l’équipe » !

Aussi, quand il s’agit du jeu de position, il est souvent traité de façon simpliste, comme s’il était constitué uniquement de fondamentaux, de quelques concepts clés comme l’homme libre, le 3ème homme (tercer hombre), attirer l’adversaire (et surtout pas fixer), les distances de passe, le rythme de jeu ou des supports d’entraînement comme les rondos, des jeux de positions ou à quelques consignes comme jouer à une touche, 2 touches, 3 touches, voire de faire du tiki-taka, terme inventé de toute part par la presse … Or en abordant, ainsi, ce phénomène, c’est faire offense à cette forme de football, mépriser le niveau de compréhension du jeu qu’il réclame et ignorer la qualité d’interprétation des joueurs, comme si cela était facile, simple, à la portée de chacun … De ce point de vue et de manière très provocatrice, on peut dire que cette forme de jeu positionnelle si aboutie (de mon point de vue subjectif) laisse croire que c’est facile et réduit à quelques principes fonctionnels.                                                                                                           

Pour conclure, s’il fallait tenter d’apporter une « grille de lecture », puisqu’il faut bien débuter par quelque chose, reprenons la métaphore d’Oscar Cano dans son excellent livre (El juego de posicion del FC Barcelona – 2012) à propos du jeu de position, « Si le jeu de position était un ciel étoilé, il ne serait qu’un désordre, un ensemble d’étoiles sans structure, mais à partir du moment où il est possible de construire une référence, de l’identifier, à l’image très souvent de l’étoile polaire (dans l’hémisphère nord) en un instant le ciel s’éclaircit » sans mauvais jeu de mot. Or, dans le jeu de position, les références absolues sont le ballon et l’espace, à l’image de la formule d’Agustin Peraita Serra dans son excellent ouvrage (Quiero que ni equipo juegue con el FC Barcelona de Guardiola – 2015) « L’espace est notre boussole et le ballon est notre oxygène ». A la lecture de cette forrmule, nous comprenons à quel point le ballon est fondamental dans cette forme de jeu, c’est l’élément qui organise le jeu, la référence absolue, notamment du point de vue conceptuel. En effet, le jeu de position réclame de changer de paradigme, pour envisager le ballon comme l’instrument essentiel à l’expression collective et individuelle, c’est pourquoi il est si important de ne pas le perdre. Enfin, l’envisager comme notre trésor nous renvoie au fondement même de notre venue au football, à savoir « toucher » le ballon et en profiter avec ses copains, avec le plaisir immense que cela procure que l’on joue en bas de chez soi ou au FC Barcelona.« 

Pour en savoir plus sur le jeu de position et Olivier ALBEROLA, nous vous donnons rendez-vous sur son compte Twitter.

Nous en avons fini avec ce magnifique sujet : le jeu de position ! Nous vous donnons rendez-vous dès lundi pour une semaine explosive sur le déséquilibre… D’ici là, passez un superbe week-end !

 

Pierre Sage - Expert Blog Vestiaires, la semaine du coachAuteur : Pierre SAGE
L’expert Blog Vestiaires, la semaine du coach
Twitter : @Pierre__Sage

 

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